dimanche 29 juin 2014

Electropolis

Préalablement, je vous ai déjà parlé de cet auteur, que j'apprécie particulièrement tant pour ses écrits que pour sa gentillesse. Voir dans "les lectures de Dorimène", le commentaire sur "Noir Négoce".
L'idée de ce roman est très plaisante, et nous nous trouvons vite happés par cette histoire, dans laquelle un jour ou l'autre nous pourrions en être les acteurs.
Que feriez-vous si un matin en vous levant, vous découvriez qu'il n'y a pas d'électricité ? Oui je sais, cela vous est arrivé quelquefois....Mais par la suite....vous constatez qu'il en est ainsi pour tout le quartier, puis toute la ville, et enfin que la panne se généralise au pays entier, même au-delà  dans les jours qui suivent ? Et les autorités sont impuissantes ! (Si c'est possible).
C'est dans cette situation que nous faisons connaissance avec Sophie, qui vit une rupture sentimentale récente, habite un immeuble ancien, dont elle connait peu ou pas les autres habitants, ceci étant un fait fort courant à notre époque. Peu à peu, les problèmes s'installent = soirées courtes, pas d'éclairage sauf à la bougie, pas de télévision, plus de petits cafés, pas d'eau chaude, plus de réfrigérateur, bref tous les gestes systématiques ne fonctionnent plus. Les jours qui passent ne font qu'augmenter les difficultés, bientôt les denrées alimentaires commencent à manquer, l'essence se fait rare, aussi les habitants de l'immeuble font connaissance par obligation, afin de s'entraider, nous montrant leurs caractères véritables, certains leur courage, d'autres leur couardise. 
Bientôt des débordements s'installent dans la ville, des voyous de banlieues font intrusion : vols, cambriolages, agressions, pillages de toutes sortes, et le notre petit groupe de l'immeuble doit se serrer les coudes, ignorer leurs différences,  afin d'y faire face et de se préserver pour survivre. 
Pour connaître la suite, bien sur je vous recommande vivement cette lecture . Ce livre a obtenu le prix "Exbrayat", ce qui est justice car mérité, et je vous demande de vous joindre à Dorimène afin d'adresser vos félicitations à cet auteur.

Bonne lecture.

samedi 14 juin 2014

L'ange de l'ombre

L'acceptation par Gonzague Saint-Bris d'écrire une biographie sur le marquis de Sade, fut incontestablement fort difficile. Car connaissant cet auteur pour ses écrits, ses biographies, et sa courtoisie, il est sans doute, le plus romantique de nos écrivains actuels.
J'ai pris connaissance de son dernier ouvrage avec grand intérêt, car je me suis depuis longtemps interrogé sur ce Donatien de Sade, perçu comme un grand pervers, diabolique, même un fou. Bien sur, j'ai lu dans ma jeunesse, pas si lointaine que cela, (il est interdit de sourire), Justine, les 120 journées de Sodome, et la marquise de Gange. L'interdit étant toujours très tentant...
Si Sade fait triompher le vice part rapport à la vertu, c'est qu'il tient à révéler les turpitudes dans toutes les couches de la société, de ce 18e siècle particulièrement libertin. Sont-ce des fantasmes ou a-t-il vraiment appliqué toutes ces scènes sexuelles et morbides  avec autant de précisions ? Ce qui est évident c'est que les propos diffamatoires de cet athée effréné, ne pouvaient que le conduire à sa condamnation. L'église était alors toute puissante, mais ses représentants vivaient pourtant une sexualité débridée.
Sade se sert des pratiques des mœurs des contrées lointaines pour établir une moralité, car il est avant tout pour la liberté de choix.
Car malgré ses scandaleux écrits, ne nous annonce-t-il pas le XXe siècle ? Il est de nos jours, des auteurs aux écrits semblables à ceux de Sade, et qui pourtant sont reconnus, encensés ?
Par sa participation à la révolution, (ses vieux démons éloignés de lui ?) il possède alors une tribune, il se dévoile profondément républicain, et transmet à travers ses contes, nouvelles, pièces de théâtre, son testament philosophique, où il rêve d'avenir meilleur dans une société plus juste, plus égale, plus libre, chacun devant vivre selon son mode choisi. Grand rebelle dans ses pensées il condamne la peine de mort, et parvient à faire jouer ses pièces de théâtres par les aliénés de Charanton avec lesquels il est en détention. Cet acte n'aurait pas été renié  par tonton Freud...
Il fut aussi  cité par Laclos son voisin  d'emprisonnement, avec qui il eut  un destin commun, puisqu'ils échappèrent l'un et l'autre à l'échafaud, et passèrent à la postérité.
Ce qui m'interpelle le plus, c'est la vie de Renée-Pélagie son épouse. Jeune, chaste de petite noblesse, sa famille est très fière que leur fille entre dans une vieille famille de noblesse d'épée. Qui compte entre autre, dans ses ancêtres, Laure, chantée par Pétrarque. Pendant les 30 années d'emprisonnement de son mari,   elle éleva seule leurs 3 enfants, son dévouement, son sacrifice, son abnégation même, prouve que toujours très éprise de son époux, bien que connaissant ses turpitudes et ses perversités,( y a-t-elle pris part ? En ce qui me concerne je doute)    elle l'aima de toute son âme, sans restrictions.
De nos jours également Simone de Beauvoir, A. P. de Mandiargues, nous parlent de Sade non plus comme d'un être diabolique, mais comme d'un grand écrivain. Nous lui devons le mot "sadique" mais n'oublions pas également le mot "sadien".
 Si Donatien de Sade vivait à notre époque, sans doute aurait-il rivalisé avec Pasolini.

A méditer vous aussi.