mardi 29 mars 2016

A ce stade de la nuit

A ce stade de la nuit, l'auteure écoute la radio lorsque surgit un nom : Lampedusa. Nom effrayant qui évoque une tragédie humaine avec l'arrivée sur cette île de nombreux migrants qui fuient leur pays, la guerre, l'horreur.
Pourtant en laissant vagabonder notre esprit, et après maintes réflexions, défile devant nos yeux, un film magnifique : Le guépard de Luciano Visconti ! Nous assistons alors à la lente agonie du temps, car le Guépard est le naufrage d'une époque, la fin d'une aristocratie décrépie, ruinée, malgré les ors, le cristal des lustres, et l'argenterie étincelante, dans une  Sicile révolue.  La rencontre entre Don Fabrizio qui porte somptueusement  sa noblesse et Don Calogero paysan  à l'allure empruntée mais  présentement  plus riche que lui , transcrit fort bien la fin de ce monde. Mais incontestablement, la plus belle scène demeure celle du bal où nous découvrons l'ascension sociale d'Angélica, splendide Claudia Cardinale, interprétant le fille de Don Calogero fiancée au neveu du Prince.  Lors d'un repas, son interminable rire de gorge semble  d'une durée excessive plus qu'incongrue dans cette société à la dérive, pétrifiée par sa fin proche. Toutefois, Burt Lancaster fut l'interprétation parfaite de ce beau Prince vieillissant, au sourire légendaire, au corps puissant, aux yeux limpides. Comme il nous fit rêver....!
La pensée de l'auteure vagabonde vers d'autres îles, d'autres paysages, nous entraînant dans des réflexions sur les drames actuels.
Le livre comporte peu de pages,  mais il dégage une telle poésie que je viens de le lire une seconde fois.

jeudi 17 mars 2016

RU

La vie de Nguyen An Tinh est comparable au ruisseau RU : il jaillit d'une source claire, cristalline, effectue des méandres, bondit de pierre en pierre, rugit en cascades puis devient torrent avant de retrouver un certain calme apparent  après ces tumultes cahoteux.
Née à Saigon dans une famille aisée et aimante, tout la destinait à une vie meilleure. Mais, l'arrivée du communisme change la donne. La fuite éprouvante dans un bateau au large du golfe de Siam la laisse vaincue, puis le séjour dans un camp de réfugiés en Malaisie l'anéantit. Vient ensuite la vie au Canada, avec la découverte des hivers froids du Québec. Une succession d'événements douloureux, où malgré la paix retrouvée, il est fort difficile d'oublier les conflits, les déchirements, les errances.
Toutefois, avec grande pudeur l'auteure  maîtrise son récit à la perfection.
Emotion assurée, avec cette grande lecture.

samedi 5 mars 2016

Titus n'aimait pas Bérénice

Titus n'aimait pas Bérénice dites-vous ? Elle en était très affectée, étant persuadée que Titus l'aimait vraiment, d'un amour aussi fort que le sien. Mais voici que le doute s'insinue, Titus aimait-il vraiment Bérénice ?
La rupture a lieu de nos jours, dans un café, histoire banale, courante, et c'est peut-être pour cela que je mis un certain nombre de pages avant d'entrer dans ce récit.
Puis petit à petit, je me suis rapprochée de Racine. Voici longtemps que nous ne nous étions rencontrés, depuis le lycée sans doute, car j'avoue humblement qu'il ne faisait pas partie des hommes de ma vie. La tragédie m'ennuyait alors et je ânonnais (merci de respecter l'accent...)ses vers sans trouver la beauté des mots.
Puis j'ai redécouvert sa vie difficile d'orphelin, sa solitude, ses études, Port Royal, sa passion d'écrire, ses tragédies dont les femmes sont les principales héroïnes, le soutien effacé de son épouse, ses enfants, sa vie bourgeoise, ses engagements,  son jansénisme, ses colères, sa lente montée vers le triomphe et le miracle de Versailles.
Or si je compris qu'au 1er siècle avant JC, Titus quitta Bérénice pour rejoindre Roma son épouse, ce ne fut que par simple raison d'état,  peut-on établir un  parallèle  avec Titus et Bérénice d'aujourd'hui ? Je m'interroge encore. Toutefois, suite à cette lecture, je viens  donc de relire Iphigénie.