jeudi 23 février 2023

Fille en colère sur un banc de pierre de Véronique Ovaldé



Une nouvelle fois, cette auteure que nous apprécions énormément, "a tout juste" avec son dernier roman.

Elle nous entraîne  sur une île au large de Palerme, là où vit une famille frappée par une véritable tragédie, non résolue depuis de nombreuses années.

Le père, dit "La Seigneurie", au caractère autoritaire, coléreux, intransigeant et tyranique, exige que ses filles aient une conduite exemplaire. Pasionné d'opéras, elles portent des prénoms ayant un rapport avec cet art lyrique.

La mère Sylvia, semble abscente, et plane au-dessus de la famille. Enfin, pas tout-à-fait.

Les 4 filles :  Aïda l'ainée, Violeta et Gilda les complices, Mimi la joyeuse, charmante enfant de 6 ans.

Or, il y a 15 ans, Aïda a passé outre le refus de son père : se rendre au carnaval ! En acceptant d'emmener Mimi, elle ne pouvait pas imaginer qu'un drame allait  se produire. Mimi disparut et malgré les nombreuses recherches effectuées par tous les habitants de l'île, elle ne fut pas retrouvée. Comment vivre une telle reponsabilité pour Aïda ? D'autant que "sa Seigneurie" l'ignore depuis, alors  qu'il manifestait ses préférences pour elle et Mimi. Aussi, s'enfuit-elle à Palerme où elle vit misérablement, ceci avec la complicité de sa mère.

Pourtant, la voici de retour après toutes ces années, afin d'assister aux obsèques de son père.Véritable intruse au milieu de sa famille, elle fait toujours office de coupable, tant la disparition de Mimi représente une profonde faille; le pardon n'est pas au rendez-vous. Est-il posible de reconstruire les liens entre cette famille éprouvée, car chacun fait ce qu'il peut de son côté.

La description des personnages, le rapport à la famille, sont décrits avec justese, fantasque, parfois romantisme mais sauvage, comme à son habitude. Absolument superbe.

A lire ou relire :

- Ce que je sais de Véra Candida

- Des vies d'oiseaux

 - La grâce des brigands

- Personne n'a peur des gens qui sourient



dimanche 5 février 2023

Le goût du roi de Camille Pascal

 

Cet auteur érudit, agrégé d'histoire, fut le collaborateur de plusieurs ministres à l'Elysée, ceci dans les années antérieures. Après de nombreuses recherches dans des documents d'archives méconnus du XVIIIe siècle, il nous fait découvrir avec cet ouvrage, ce qui fut la vie de Marie-Louise O'Murphy. La plupart d'entre nous la connaisse d'après le tableau de François Boucher, où elle figure nue, étendue sur un sopha  reposant sur de nombreux coussins voluptueux, telle une odalisque,. A priori, ce que l'on remarque c'est une paire de fesses, avant de remonter jusqu'au visage tout à fait charmant.

Cette très jeune fille, dont la famille d'origine irlandaise était nombreuse, 9 enfants, vivotait assez misérablement. Sa mère et ses soeurs se prostituaient afin d'améliorer le quotidien. Elle fut présentée  au Roi alors qu'elle n'était qu'adolescente, ce dont il rafollait ! Celui-ci tomba sous son charme rapidement d'autant plus que sa maitesse en titre, la marquise de Pompadour, ayant quelques soucis de santé, ne pouvait plus le contenter sexuellement. Toutefois, étant une parfaite conseillère,  elle conserva son titre et sa place. Or au temps des lumières, le sexe est imbriqué dans la vie politique. (Il y a-t-il changement depuis ?)

Marie-Louise résida donc au Parc aux Cerfs puis ensuite à la cour où elle eut ses appartements. Elle donna 2 enfants au Roi . Point sotte, elle sut se cultiver, s'élever dans la société, et s'entourant de personnes avisées dans le domaine financier, elle parvint à faire fructifier sa fortune, en grande partie dons du monarque. Mariée 3 fois, 2 fois veuves, elle divorça de son 3ème conjoint.  Avisée elle parvint à conserver sa tête, et sa fortune au moment de la révolution.

Très agréable à lire, ce livre nous résume des anecdotes sur cette période de l'histoire en déclin, avec forces détails sur la vie dissolue de l'époque.  A lire comme un roman.