A nos vies imparfaites de Véronique OVALDE

Avec son talent rieur, mordant, l'auteure met en scène dans ce roman un ballet de personnages, façon nouvelles,  qui vont, viennent, se croisent parfois, et font tout pour survivre à la malchance de leurs vies imparfaites. 

Nous croisons donc :

- Auguste à la déveine profonde,

- Eva dont l'adolescence fut ingrate,

- Rachel et ses peurs,

- Rose ou Bob ?

- Herman son scalpel, ses dépouilles,

- Le baron et le dodo,

- Zélie et la montée des eaux (très émouvante le petite Zélie)

- Jo et Lili les amies d'enfance.

Avec son art du sous entendu, son écriture espiègle même corrosive parfois,  elle nous entraine dans la culbute finale tôt en finesse frisant la mélancolie. Prix bien mérité.

Savoureux !

A lire ou relire :

- Ce que je sais de Véra Candida

- Des vies d'oiseaux

- La grâce des brigands

- Soyez imprudents les enfants

- Personne n'a peur des gens qui sourient

- Fille en colère sur un banc de pierre

Tata de Valérie PERRIN

 Encore un roman virtuose ! Cette extraordinaire conteuse nous entraîne dans de profonds secrets, aux destinées imbriquées, puis dans des découvertes remplies d'émotions. Avec sa magie, elle décrit des personnages normaux, des vies simples, et  elle les transforme en personnages exceptionnels.

Agnès réalisatrice de films, apprend la mort de sa tante Colette, par la gendarmerie de Gueugnon (Saône et Loire) lieu où elle passait ses vacances durant son enfance. Or, cela est impossible, Colette est morte il y a 3  ans ! A l'époque, Agnès vivait à Los Angelès avec son  mari acteur célèbre, dont elle est divorcée depuis et elle ne s'est donc pas rendue aux obsèques.

Que s'est-il passé dans la vie de cette tante célibataire, cordonnière de métier, à la vie tranquille, sage, discrète, dont l'unique passion était le football ?

Une fois sur place, dans la petite maison de sa tante, Agnès découvre dans une valise, des cassettes sur lesquelles Colette démêle petit à petit les nombreux mystères jalonnant sa vie. Enfance maltraitée, amitiés, amour, résilience surtout, et désintéressement d'un attachant personnage cordonnier .

Quelques 630 pages, peu importe, nous sommes emportés par de nombreux rebondissements inattendus qui nous tiennent en haleine jusqu'au bout !

A lire ou à  relire :

-Les oubliés du dimanche 

-Changer l'eau des fleurs

- Trois

U avenir radieux de Pierre LEMAITRE

Voici le 3ème tome concernant la bouillonnante famille Pelletier, pour de truculentes aventures comme sait si bien nous les raconter ce cher auteur,  façon feuilleton, pour notre plus grand plaisir ! Fin de cette trilogie sur la période des 30 glorieuses ? Peut être pas.....

Après la vente de leur savonnerie de Beyrouth, Louis et Angèle Pelletier , parents de 3 enfants, s'installent à Plessis sur Marne. Colette leur petite fille de 10 ans maintenant, fille de Jean le"toujours perdant" et de la venimeuse Geneviève,  vit toujours avec eux et cet opus commence par son agression sexuelle par un affreux voisin. Jean et Geneviève ont eu un  fils Philippe, gros benêt, favori de sa mère. Toutefois, ce couple infernal est parvenu à faire prospérer leur affaire de linge de maison. Hélène, qui est enceinte de son 2ème enfant poursuit une carrière à la radio, tandis que François doit effectuer une mission secrète en tant que journaliste  à Prague. Là, bien sur,  rien ne se déroulera comme prévu, plongeant donc la famille dans de puériles aventures, alors que la santé de Louis se détériore Nine épouse de François continue son travail de reliure tout en déployant une énergie hors du commun afin de sauver son mari.

Seul le chat Joseph demeure imperturbable au centre de ce tumulte !

Maître en écriture, avec des descriptions précises sur les lieux, sur la période,  ce conteur exceptionnel nous fait traverser la guerre froide, les bavures des centrales nucléaires, ainsi que la disparition progressive des abeilles, tout en maintenant l'humour entre les drames. Toujours un régal !

Frapper l'épopée d'Alice ZENITER

Lorsque Tass (Tassidy) revient en nouvelle  Calédonie afin renseigner le français dans un lycée, elle ne songe nullement à ses ancêtres, son mal être est grand, son chagrin immense, elle vient de quitter définitivement Thomas avec lequel elle partageât 10 ans de vie commune.

A son arrivée à Nouméa elle retrouve une amie de sa mère, et fait connaissance avec "un ruisseau", NEP (n'épouse pas un pauvre), FIDR (fille de la réussite), 3 personnages hauts en couleurs qui forment un clan tout en oeuvrant pour l'indépendance de l'ile.

La description de la ville est fort détaillée avec ses nombreux parfums, ses couleurs flamboyantes , ceci malgré  une chaleur étouffante . Parmi ses élèves, des jumeaux Kanaks Pénélope et Célestin, l'intriguent énormément. Les 2 adolescents de sexe différent  sont en tous points identiques physiquement, avec de nombreux tatouages sur tout le corps. Elle s'interesse à eux et tentent de les faire travailler sur la découverte de Marivaux.

Lors d'un vide-grenier, son esprit vagabonde les divers objets à vendre pourraient-ils raconter leurs différentes vies avec leurs propriétaires respectifs ? La transmission est-elle quelque chose d' important ? Notre propre histoire qui provient d'autres histoires peut-elle  et doit-elle s' expliquer ? Elle songe à ses ancêtres dont elle ne connait que peu de choses, et décide de découvrir qui était cet arrière arrière grand père algérien qui débarqua sur le Caillou, ancienne  Calédonie; en tant que Bagnard; La voici partant à sa découverte et chutant dans un trou d'eau, rencontre l'esprit des morts qui est sacré chez cette population calédonienne. Elle découvre la création de cette terre formée d'une multitudes d'iles, où voisinent depuis des millénaires diverses coutumes dont la complexité est grande, dans une société figée entre les groupes en mal d'identité. Enfin le bagne qui devait remplacer celui de Cayenne, .où fut envoyé son ancêtre algérien Areski.

Le chapitre sur le bagne est particulièrement interessant avec moult détails sur la vie, l'organisation de cette vie coloniale,  héritage identique avec l'Algérie

Très bon récit, bien documenté, révélateur, avec toujours cette écriture brillante, épopée romanesque aussi, entre vérité et légende. Mythe réussi.

A lire ou relire : Sombre dimanche,  Juste avant l'oubli, L'Art de perdre, Comme un empire dans un empire

                          

Ne vois tu pas que je brûle de Nathalie Rheims

 L'auteure prétend que ce livre sera son dernier écrit. Souhaitons qu'il n'en soit rien et qu'elle reviendra sur cette décision, car nous aimons ses récits où se mêlent certaines étapes attachantes de sa vie dévoilant des secrets parfois difficiles à porter.

Ici, une nouvelle fois, elle revient sur son enfance perturbée : qui est vraiment son père biologique ? Le grand académicien connu et réputé dont elle porte le nom, avec lequel elle vit, où ce psychiatre ami de la famille à qui sa mère l'a confiée dès sa petite enfance ? A cette question celle-ci répond qu'elle est dans la plus grande ignorance, car elle avait de façons consécutives  des rapports sexuels avec les 2 hommes durant la même période ! Cette mère frivole et inconséquente qui quitta son mari brutalement, laissant ses 3 enfants; afin d'aller vivre une nouvelle vie avec son dernier amant. Une référence !

Pauvre auteure, que de questions posées et demeurées sans réponses car le milieu familial où elle vécut fut pour le moins dérangeant dans une vie hors normes, entre ce père célèbre, adulé, et aussi très butineur, et cette mère toujours entre 2 amants.

Cette lecture est émouvante, comme les précédentes qui racontaient une partie de sa vie, et nous comprenons que ce construire au  milieu de ces intellectuels évaporés ne fut guère facile.

A lire où relire :

- Place Colette

- Les reins et les coeurs

La désinvolture est une bien belle chose de Philippe JAENADA

 En ces premiers jours de l'an nouveau, Dorimène vous adresse ses souhaits les plus sincères pour une année au top dans tous les domaines, et surtout avec une pile de livres à lire ! Prêts ?

 Commençons par cet auteur  que j'aime bien, dont je vous ai parlé plusieurs fois dans le passé, qui nous entraîne à nouveau dans une période antérieure, soit les années 50. Il s'intéresse à Jacqueline Harispe, dites Kaki, jeune femme rebelle à la société, qui était fort belle, éprise de liberté, intelligente,  ceux qui l'ont rencontrée s'en souvienne, mais est-ce sa rage de vivre, ou son pessimisme qui la fit se défenestrer sous les yeux de son amant, alors qu'elle n'avait que 20 ans ? Pourquoi ?

Cette question devient obsessionnelle pour l'auteur qui lui trouve certains parallèles avec sa femme Anne-Catherine, dont il nous parle dans ses écrits...

Aussi, avec sa patience légendaire, il, mène une enquête vigoureuse, tenace,  où il amasse d'infimes détails sur cette jeunesse d'après-guerre, éperdue de liberté, qui se détruit dans l'alcool, la drogue, pratique la sexualité à outrance. Kaki et sa bande dont fera partie Guy Debord, fréquentaient   un piètre bar "Chez Moineaux", tenu par un  couple miteux  où ils trouvaient un certain réconfort . Un reportage photos sur cette jeunesse en mal être "Love on the left bank" sera effectué sur eux, dévoilant de magnifiques photos  prises par Ed van der Elsken

Mais celles-ci n'apportent pas les bonnes réponses espérées. Aussi notre cher auteur au volant de la Kuga noire de location, entreprend un tour de France des bars, où il écoute, observe, étudie, les gens rencontrés avec un sens inégalé de la description avec toutefois toujours ou presque autant  de disgression. Au passage à Dunkerque, clin d'oeil à Pauline Dubuisson.  Du Jaenada quoi .....Pour moi, un bon livre.