Pourtant en laissant vagabonder notre esprit, et après maintes réflexions, défile devant nos yeux, un film magnifique : Le guépard de Luciano Visconti ! Nous assistons alors à la lente agonie du temps, car le Guépard est le naufrage d'une époque, la fin d'une aristocratie décrépie, ruinée, malgré les ors, le cristal des lustres, et l'argenterie étincelante, dans une Sicile révolue. La rencontre entre Don Fabrizio qui porte somptueusement sa noblesse et Don Calogero paysan à l'allure empruntée mais présentement plus riche que lui , transcrit fort bien la fin de ce monde. Mais incontestablement, la plus belle scène demeure celle du bal où nous découvrons l'ascension sociale d'Angélica, splendide Claudia Cardinale, interprétant le fille de Don Calogero fiancée au neveu du Prince. Lors d'un repas, son interminable rire de gorge semble d'une durée excessive plus qu'incongrue dans cette société à la dérive, pétrifiée par sa fin proche. Toutefois, Burt Lancaster fut l'interprétation parfaite de ce beau Prince vieillissant, au sourire légendaire, au corps puissant, aux yeux limpides. Comme il nous fit rêver....!
La pensée de l'auteure vagabonde vers d'autres îles, d'autres paysages, nous entraînant dans des réflexions sur les drames actuels.
Le livre comporte peu de pages, mais il dégage une telle poésie que je viens de le lire une seconde fois.