samedi 27 avril 2013

En vieillissant les hommes pleurent

Ce récit se déroule pendant les années 60, qui furent l'acheminement  vers la société de consommation.
Dans un village à proximité de Clermont Ferrand, nous découvrons la vie de la famille Chassaing.

Albert, ouvrier chez Michelin, ancien paysan et fier de l'être, aimant par dessus tout sa terre, cultivant toujours avec amour, les légumes, les fleurs, élevant des animaux, tuant le cochon, car selon la tradition "la nourriture ne doit pas être achetée", et bien que l'ancienne cuisinière soit reléguée au fond du garage, il persiste à couper du bois, afin de l'alimenter pour la cuisson des conserves.

Suzanne sa femme, déteste le monde paysan, très coquette elle confectionne ses toilettes, lit les recettes beauté des magasines, aime les compliments, et adore son fils ainé, tandis qu'elle ignore le second. Elle ne rêve que de confort, de formica, et de télévision. Petit à petit, tout en dirigeant la maison, elle vend meubles et bibelots de sa belle famille, ceci pour une bouchée de pain, au nom de cette modernité qui s'annonce. Comme elle et son mari ne vivent plus que côte à côte, elle ne perçoit nullement qu'elle brise ainsi le coeur d'Albert.

Madeleine mère d'Albert, veuve, vit avec le couple, mais elle ne domine plus la famille puisqu'elle s'achemine inexorablement vers un retour en enfance.

Henri le fil aîné est en Algérie, car nous sommes en période de guerre, Suzanne ne vit que pour les nouvelles de l'enfant chéri.

Gilles, second fils, féru de Balzac et de lecture, le vilain petit canard de la famille. Bien vite, Albert comprend avec un certaine honte, qu'il ne peut assurer sa responsabilité de père vis à vis de cet enfant si différend de lui. Heureusement, il y a Monsieur Antoine, ancien instituteur, qui à la demande de ce père aimant mais désarmé, va prendre Gilles sous son aile et l'acheminer vers son destin d'homme.
Albert, peut ainsi réaliser son projet mûri depuis longtemps : "Etre là haut"

Très beau livre, un peu triste malgré tout, mais qui transcrit fort bien l'évolution importante de cette période, où chacun avec son vécu, ses origines, doit essayer d'y trouver sa place.

4 commentaires:

  1. Merci,chère Dorimene,d'écrire si bien sur ce beau livre,par ailleurs passé plutôt inaperçu.
    Ce roman est un hommage vibrant au père tout en décrivant les relations familiales,l'irruption de la modernité,mais aussi le lien entre histoire et littérature .il pose plein de questions.
    De quoi,de qui,héritons-nous?
    Que transmettons-nous,a qui,et comment?
    En vieillissant les hommes meurent ,les œuvres demeurent.
    Lisez ce beau livre !

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    1. Effectivement les hommes meurent... alors ne perdons pas de temps réalisons nos rêves achevons notre oeuvre !

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  2. Christiane Moulin19 juin 2013 à 17:35

    oui Odile, je suis d'accord avec toi...c'est un beau livre.....le personnage du plus jeune enfant-Gilles- m'a particulièrement touchée par sa singularité au sein de cette famille ouvrière....il m'a de plus amusée lorsque p.96 il m'a fait irrésistiblement penser à une réflexion de l'aînée de mes petites-filles (9ans)qui m'a demandé si, dans ma jeunesse,j'avais connu les dinosaures !!! merci Michèle pour tous ces beaux moments d'évasion dans la lecture
    Christiane M

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  3. Superbe livre qui m'a beaucoup touchée ! Belle étude de moeurs et de pensées des années soixante ..on pensait trouver le Paradis avec le modernisme et la liberté..
    A y bien regarder , c'était plutôt un grand virage vers la descente .. Jean Luc Seigle décrit les sentiments de chacun avec une grande sensibilité et beaucoup de finesse , comme la complexité de l'attachement du grand frère à sa petite soeur ... comme la toilette intime à sa mère et toutes les pensées et souvenirs qui remontent chez le fils ...Très émouvant .. Et cette merveilleuse explication à la question du petit Gilles " à quoi sert l'histoire"
    Beaucoup d'émotions et de questions ..
    Un livre à dévorer ...et à relire ...

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