Ne vois tu pas que je brûle de Nathalie Rheims

 L'auteure prétend que ce livre sera son dernier écrit. Souhaitons qu'il n'en soit rien et qu'elle reviendra sur cette décision, car nous aimons ses récits où se mêlent certaines étapes attachantes de sa vie dévoilant des secrets parfois difficiles à porter.

Ici, une nouvelle fois, elle revient sur son enfance perturbée : qui est vraiment son père biologique ? Le grand académicien connu et réputé dont elle porte le nom, avec lequel elle vit, où ce psychiatre ami de la famille à qui sa mère l'a confiée dès sa petite enfance ? A cette question celle-ci répond qu'elle est dans la plus grande ignorance, car elle avait de façons consécutives  des rapports sexuels avec les 2 hommes durant la même période ! Cette mère frivole et inconséquente qui quitta son mari brutalement, laissant ses 3 enfants; afin d'aller vivre une nouvelle vie avec son dernier amant. Une référence !

Pauvre auteure, que de questions posées et demeurées sans réponses car le milieu familial où elle vécut fut pour le moins dérangeant dans une vie hors normes, entre ce père célèbre, adulé, et aussi très butineur, et cette mère toujours entre 2 amants.

Cette lecture est émouvante, comme les précédentes qui racontaient une partie de sa vie, et nous comprenons que ce construire au  milieu de ces intellectuels évaporés ne fut guère facile.

A lire où relire :

- Place Colette

- Les reins et les coeurs

La désinvolture est une bien belle chose de Philippe JAENADA

 En ces premiers jours de l'an nouveau, Dorimène vous adresse ses souhaits les plus sincères pour une année au top dans tous les domaines, et surtout avec une pile de livres à lire ! Prêts ?

 Commençons par cet auteur  que j'aime bien, dont je vous ai parlé plusieurs fois dans le passé, qui nous entraîne à nouveau dans une période antérieure, soit les années 50. Il s'intéresse à Jacqueline Harispe, dites Kaki, jeune femme rebelle à la société, qui était fort belle, éprise de liberté, intelligente,  ceux qui l'ont rencontrée s'en souvienne, mais est-ce sa rage de vivre, ou son pessimisme qui la fit se défenestrer sous les yeux de son amant, alors qu'elle n'avait que 20 ans ? Pourquoi ?

Cette question devient obsessionnelle pour l'auteur qui lui trouve certains parallèles avec sa femme Anne-Catherine, dont il nous parle dans ses écrits...

Aussi, avec sa patience légendaire, il, mène une enquête vigoureuse, tenace,  où il amasse d'infimes détails sur cette jeunesse d'après-guerre, éperdue de liberté, qui se détruit dans l'alcool, la drogue, pratique la sexualité à outrance. Kaki et sa bande dont fera partie Guy Debord, fréquentaient   un piètre bar "Chez Moineaux", tenu par un  couple miteux  où ils trouvaient un certain réconfort . Un reportage photos sur cette jeunesse en mal être "Love on the left bank" sera effectué sur eux, dévoilant de magnifiques photos  prises par Ed van der Elsken

Mais celles-ci n'apportent pas les bonnes réponses espérées. Aussi notre cher auteur au volant de la Kuga noire de location, entreprend un tour de France des bars, où il écoute, observe, étudie, les gens rencontrés avec un sens inégalé de la description avec toutefois toujours ou presque autant  de disgression. Au passage à Dunkerque, clin d'oeil à Pauline Dubuisson.  Du Jaenada quoi .....Pour moi, un bon livre.

Coeur de Thibault de Montaigu

Le père de l'auteur, alors vieil homme malade du coeur et pratiquement aveugle, conserve malgré cela toute sa superbe et séduit toujours. Sa voisine, Nancy, lui témoigne un dévouement sans limite, proche de l'amour. 

Cet homme qui fut flamboyant, désinvolte, grand séducteur n'a pourtant rien du héros comme le furent ses ancêtres dont la devise était "honneur et gloire". Sa vie fut un tourbillon , ses affaires chaotiques  subirent des revers de fortune, et son train de vie ne fut assuré que par les différentes femmes  fortunées qui  la traversèrent .

Durant son enfance, l'auteur ressentit des souffrances  profondes causées par ce père démissionnaire mais il conserve malgré tout au plus profond de lui-même, un amour inconditionnel et de l'admiration pour celui-ci; il l'entoure de son affection afin d'adoucir au mieux  cette fin de vie. Aussi,  lorsque ce dernier lui demande d'écrire un livre sur un ancêtre, Louis, capitaine des hussards, mort  en 1914, d'une charge de cavalerie, l'auteur hésite puis  finit par accepter.

Le voici donc dans une course folle de mémoire dans la famille,  accompagné verbalement par son père, afin d'éclaircir et comprendre ce secret de famille concernant Louis. Véritable voyage dans le temps pour les 2 hommes et ultime témoignage d'affection pour l'auteur.

Très beau livre porté par un fils pour son père, dans une ambiance digne de Marcel Proust. 

 

Inconnu à cette adresse de Kathrine Kressman Taylor

Préalablement , Dorimène vous a proposé une excellente lecture de 585 pages.  Ce jour, nous voici à l'opposé puisque celle-ci comporte 80 pages ! Petite lecture me direz-vous, oui, mais il n'en est rien car ce livre est remarquable et des plus intéressant !

Pourtant assez triste sur l'idée puisqu'il s'agit d'une terrible vengeance ! Une vengeance choisie, calculée, préparée avec précision suite à une non moins effrayante trahison. L'amitié entre 2 juifs d'origine allemande, semblait  indéfectibles. Ils viennent s'installer en Californie où ils fondent et gèrent avec succès, une galerie d'art qui se développe sans embûche. Vie agréable ,  rentrées d'argent abondantes.

Pourtant en 1932, l'un des 2 associés, Martin, décide de rentrer s'installer en Allemagne avec sa famille, en conservant toute sa confiance  en son associé pour la gestion au mieux de leurs intérêts communs.

Mais voici qu'en cette période l'histoire se met en marche, de façon inattendue et complètement incontrôlable , et commence alors la plus effroyable tragédie car Martin se laisse convaincre par l'idéologie ambiante. A travers l'échange de leurs courriers respectifs, nous découvrons petit à petit, le fossé qui s'ouvre entre les 2 amis, le détachement l'un envers l'autre, allant même jusqu'au reniement. 

Se lit très facilement, et transcrit bien l'ambiance de la montée du fascisme 

La traverée des temps d'Eric-Emmanuel SCHMITT

Au départ, ne soyez pas rebutés par les 585 pages du livre  !  lui-ci se lit avec gourmandise, très rapidement.

L'auteur entame ici une étonnante  et laborieuse histoire, celle de l'humanité, soit il y a 8000 ans à nos jours. Programme peu ordinaire. Epoustouflant !  D'autres livres poursuivront cette enquête. A suivre.

A travers le héros immortel, nous suivons Noam . Les siècles se succèdent traversant les progrès, les découvertes tant scientifiques, médicales, philosophiques, ainsi que l'organisation de la vie quotidienne qui est communautaire, la justice, les rapports à la religion, soit les différentes évolutions. L'arrivée et le déroulement  du déluge sont mentionnés, différent de celui indiqué dans la génèse, mais les hommes préfèrent-ils les légendes à la vérité ? ou du moins son interprétation ?

Avec des mots choisis, comme il sait si bien le faire avec ses descriptions envoûtantes, l'auteur nous trace  la longue route  du gentil Noam jusqu'à nos jours. Dommage qu'il devint aussi cruel et redoutable à la fin.  Clin d'oeil à notre société actuelle remplie journellement de cette  violence que nous ne parvenons pas hélas, à éradiquer.

J'ai lu ce livre avec passion et ai pris grand plaisir. 

La fileuse de verre de Tracy CHEVALIER

 D'une main de Maître, l'auteure nous fait naviguer dans le temps  sur les canaux de Murano, avec cette histoire passionnante du travail du verre.  Nous vivons la vie de la jeune Orsola Rosso et de sa famille dont le père est Maître verrier sur cette île. La fillette rêve de travailler le verre mais dans ce 15e siècle ce métier est réservé aux hommes. Aussi, doit-elle faire preuve d'une grande détermination afin de s'imposer au sein même de sa famille. Avec ténacité, rigueur, à l'ombre des hommes, elle apprendra à faire des perles,  puis des bijoux, ce qui permettra de vaincre les difficultés financières à la mort accidentelle du père. Son renom dépassera celui de Venise.

Après plusieurs ricochets sur l'eau de la lagune, les siècles défilent : guerres, épidémie de peste isolant Murano de la Terraferma, deuils, amours incompris, mêlant des rencontres avec Casanova, l'impératrice Josephine, la Marchesa femme excentrique  vivant dans la sérénissime où elle donnait de somptueuses fêtes. A chaque saut dans le temps,  jusqu'au Smartphone, l'auteure narre les changements dans l'époque évoquée : qu'ils soient politiques, culturels, littéraires, nous marchons sur l'eau avec le récit.

La construction de ce roman est des plus intéressante, la poésie constante, et nous permet d'apprendre les variations de ce métier de verrier aux cours des divers siècles évoqués. 

J'ai quitté avec regret la courageuse , généreuse, attachante Orsola .

La liste "2" mes envies deGrégoire DELACOURT

C'est avec un  plaisir évident que nous retrouvons notre très cher auteur (l'un de nos préférés) avec la charmante Jo, petite mercière d'Arras à laquelle nous nous étions attachés depuis une dizaine d'années où nous avions fait sa connaissance. 

Après avoir quitté le soleil du midi et que son Vittorio ait lui aussi  pris le large, désespéré de constater qu'il ne parvenait pas à lui  redonner un peu de son bonheur perdu, la voici de retour dans sa bonne ville d'Arras.

Les habitudes reprennent,  son père à la tête en friche, la mercerie, son blog : dixdoigtsdor, les jumelles, et afin de tenter d'oublier la trahison de son ex-mari ainsi que ses millions restants, elle  participe aux réunions des GA (gagnants anonymes) où chacun tente de donner des idées pour dépenser au mieux cet argent gagné au loto qui pourrit leur vie....Nous comprenons, trop c'est trop ! Nous croisons entre autres, Brigitte très folklo qui galère avec les délais d'Hermès, le bel Hubert, Thierry le riche héritier, Fanny petite grenouille attachante, le triste Raoul.

Avec sa plume toujours affutée, l'auteur nous entraîne dans dans un univers où le sens des réalités, de l'ironie, tourne au dérisoire ceci avec un  humour jubilatoire.